Pour la troisième fois en huit ans, l'école vaudoise a connu le 23 avril 2002 un changement à sa tête. Anne-Catherine Lyon, socialiste, a repris la direction du Département de la Formation et de la Jeunesse.

Quinze questions faisant le tour des dossiers sensibles ont été transmises à nos futures Conseil-lère-s d'Etat, alors qu'ils étaient encore candidat-e-s. Leurs réponses vous permettront de mieux connaître leur vision de l'école, en particulier celle de sa nouvelle responsable.

Il a été demandé à chacune et chacun de répondre par oui ou par non - avec un bref commentaire - aux questions 1 à 12, puis de développer les questions 13 à 15.

   

Philippe
BIÉLER

Anne-Catherine
LYON

Pierre
CHIFFELLE

Pascal
BROULIS
et Jacqueline
MAURER

Jean-Claude
MERMOUD

Charles-Louis
ROCHAT

1. L’Etat doit-il stimuler la création de lieux d’accueil parascolaire (crèches, garderies, réfectoires, accueils avant et après l’école, …) distincts de l’école ?
Oui

Ces structures doivent être adaptées aux besoins actuels des familles.

Oui
Oui
Oui

Mais sans créer le besoin chez celles et ceux qui assurent une prise en charge familiale.

Oui

Ecole enfantine à choix le matin ou l'après-midi, horaire continu ou encore réfectoires sont des pistes à explorer, pour autant que les parents soient prêts à collaborer à ces solutions.

Plutôt que de répondre à un ensemble de questions appelant nuances et développement, je vous précise ma position sur les points suivants.

  Ph. Biéler A.-C. Lyon PC J. Maurer
P. Broulis
J.-C. Mermoud  
2. Les parents qui ont choisi de scolariser leur enfant en école privée devraient-ils bénéficier d’une subvention («bon scolaire») ?
Non
Non
Non
Non
Non
   
  Ph. Biéler A.-C. Lyon P. Chiffelle J. Maurer
P. Broulis
J.-C. Mermoud  
3. L’école vaudoise doit-elle se préoccuper en priorité des élèves qui rencontrent des difficultés et viser à diminuer son taux d’échec scolaire (l’un des plus élevés de Suisse) ?
Oui

Il faut viser la performance du groupe plutôt que celle de l’individu.

Oui

L'école doit le faire :

1) au besoin en créant des structures spécifiques,

2) sans péjorer la situation des autres élèves. En effet, l'école doit être attentive à l'ensemble des élèves.

Oui

Mais évidemment pas au détriment des autres.

Oui

Sans se focaliser sur ce genre d'élèves et sans dramatiser.

L'école doit pousser tous les élèves au maximum de leurs possibilités. Le problème n'est pas le nombre de redoublements, mais le fait que beaucoup d'élèves n'arrivent pas à acquérir la matière. Il faut revoir les méthodes d'enseignement et leur transmettre le goût d'apprendre. Pour les enfants issus d'un milieu modeste, c'est la seule manière de poursuivre des études.
   
  Ph. Biéler A.-C. Lyon P. Chiffelle J. Maurer
P. Broulis
J.-C. Mermoud  
4. L’école se préoccupe-t-elle trop de l’éducation sociale des élèves et doit-elle se limiter à la transmission des savoirs ?
Non

La transmission des savoirs est facilitée si elle est basée sur du concret ; ce que vous appelez éducation sociale et transmission du savoir peuvent donc aller de pair.

Non

Savoir faire et savoir être sont indissociables.

Non
Les deux aspects sont importants, mais il convient effectivement de redonner plus de poids à la transmission du savoir.
La transmission des savoirs doit être prioritaire par rapport aux tâches éducatives.
   
  Ph. Biéler A.-C. Lyon P. Chiffelle J. Maurer
P. Broulis
J.-C. Mermoud  
5. Pour remédier aux résultats moyens des élèves suisses en matière de lecture, faut-il augmenter massivement le nombre d’heures d’enseignement du français (même au détriment d’autres domaines) ?
Non

Non

En revanche, il conviendra de se pencher avec attention sur le contenu des programmes de français, et ce en lien avce les autres cantons romands.

Non

Le problème réside plutôt dans l'adaptation de la méthode (les dictées n'ont jamais tué personne !).

Non

Plutôt modifier le matériel et les moyens d'enseignement.

La méthode d'enseignement est à d'abord à revoir, sans exclure à terme la possibilité d'augmenter le nombre d'heures.
   
  Ph. Biéler A.-C. Lyon P. Chiffelle J. Maurer
P. Broulis
J.-C. Mermoud  
6. Faut-il introduire au plus vite l’enseignement de l’anglais dès la 5e ?
Oui

Notre ouverture au monde passe par de bonnes connaissances linguistiques. Je ne fais pas une fixation sur le moment du début de l’apprentissage, qui peut prendre diverses formes (classes multilingues, immersion, etc.)

   Non

Il ne faut pas introduire l'enseignement de l'anglais dès la 5ème pour se concentrer sur l'allemand. En revanche, il faut introduire une sensibilisation à l'anglais dès la 5ème.

Oui
Non

Au plus vite, non, mais un bain de langue, assurément.

L'apprentissage de l'anglais est très important. Il importe cependant d'échelonner l'introduction des nouvelles langues, l'allemand devant précéder dans le temps l'anglais.
   
  Ph. Biéler A.-C. Lyon P. Chiffelle J. Maurer
P. Broulis
J.-C. Mermoud  
7. Les élèves vaudois étant parmi les plus chargés à cet âge, faut-il diminuer le nombre d’heures d’enseignement au cycle de transition (passage de 32 à 30 périodes hebdomadaires) ?
Oui

En cohérence avec la réponse à la question 1, la question de l’accueil des enfants durant ce temps doit être réglée.

Non

Je réponds non, par crainte que ce soit les heures telles que la gymnastiques, le chant, les travaux manuels, etc qui soient supprimées.

Non
Non

Une solution médiane à 31 périodes peut être envisagée.

Non
   
  Ph. Biéler A.-C. Lyon P. Chiffelle J. Maurer
P. Broulis
J.-C. Mermoud  
8. Le système des voies/divisions doit -il être remplacé par un système plus intégratif pour l'ensemble de la scolarité obligatoire ?
Oui

Oui dans l’idéal ; mais il ne faut pas introduire de nouvelles réformes pour l’instant.

Il faudra à moyen terme se pencher sur l'opportunité ou non d'instaurer deux voies plutôt que trois.  
Non
Non

EVM a besoin de sérénité pour son application. Cette proposition de modification de structure n'est donc pas à mettre à l'ordre du jour en ce moment.

Non

Les voies permettent aux élèves de se retrouver avec des camarades qui avancent au même rythme. La voie unique découragerait les élèves plus lents, démotiverait les plus rapides et rendrait la tâche des enseignants impossible.

   
  Ph. Biéler A.-C. Lyon P. Chiffelle J. Maurer
P. Broulis
J.-C. Mermoud  
9. L’accès au secondaire II (gymnases et formation professionnelle) doit-il être gratuit pour tous (inscription, écolage et déplacements)
Oui

Au vu des moyens financiers actuels, il faut dans un premier temps mettre l’accent sur la suppression des barrières financières pour les familles qui en ont besoin.

Oui
Oui
Non

Le canton n'en a actuellement pas les moyens.

Non
   
  Ph. Biéler A.-C. Lyon P. Chiffelle J. Maurer
P. Broulis
J.-C. Mermoud  
10. Faut-il consentir de larges investissements afin de permettre aux élèves et aux enseignants de mieux tirer parti des technologies de l’information et de la communication ?
Oui

Ces investissements doivent permettre d’uniformiser l’accès à ces technologies et de les rendre accessibles à tous les élèves du canton.

Oui
Oui

Notamment en profitant immédiatement des importantes subventions offertes actuellement par Swisscom et la Confédération pour relier toutes les écoles au réseau.

Larges peut-être pas, mais adaptés au monde moderne de la communication assurément.
Avant tout, il faut initier les maîtres à ces nouvelles manières d'enseigner. Beaucoup ne voient pas encore comment en tirer profit. En ce qui concerne internet, je plaide pour une utilisation ciblée et sous la surveillance d'un enseignant. Je soutiendrai les investissements visant la création de salles d'informatique connectées à internet dans tous les établissements, mais pas le libre accès sur des ordinateurs "en fond de classe".
   
  Ph. Biéler A.-C. Lyon P. Chiffelle J. Maurer
P. Broulis
J.-C. Mermoud  
11. La charge hebdomadaire d’enseignement des maîtres du secondaire I de formation universitaire doit-elle être alignée sur celle des maîtres de formation normalienne (28 périodes pour tous) ?
Non

Il n’y a pas ici de réponse unique. Il faut tenir compte de la pénibilité du métier, qui peut varier en fonction des circonstances (type de classe, âge des élèves, proportion d’élèves non francophones, etc.)

Non

Les horaires doivent être harmonisés à la baisse.

Non

Mais il faut trouver des modalités de rééquilibrage à terme.

Un cahier des charges de l'enseignant devrait permettre de trouver une solution à cette double différence qui ne se justifie plus, le nombre de périodes restant à déterminer.
Oui

La double différence (salaire et nombre de périodes à enseigner) ne se justifie pas.

   
  Ph. Biéler A.-C. Lyon P. Chiffelle J. Maurer
P. Broulis
J.-C. Mermoud  
12. Le salaire des institutrices/teurs (actuellement frs. 3800.- en début de carrière, l’un des plus bas de Suisse) doit-il être revalorisé dans les quatre ans qui viennent ?
Oui
Oui

Ce serait un signe fort de revalorisation de cette profession et un moyen concret de lutter contre la pénurie d'enseignant-e-s.

Oui
Cette question doit assurément être examinée dans le cadre d'une négociation, qui inclura également l'amplitude de la progression salariale.
Les fonctions de l'Etat seront toutes réévaluées. C'est dans ce cadre global qu'il conviendra de revaloriser les institutrices/teurs en prenant en compte leur rétribution sur l'ensemble de la carrière.
   
  Ph. Biéler A.-C. Lyon P. Chiffelle J. Maurer
P. Broulis
J.-C. Mermoud  
13. Quelles actions le DFJ doit-il conduire afin de lutter contre la violence ?
Favoriser l’intégration et le dialogue dans le cadre de l’enseignement obligatoire. Développer les structures de médiation et la collaboration avec les autres intervenants.
Il faut notamment :

1) réintroduire le civisme et, plus largement l'éducation aux citoyenneté (par ex. charte d'établissement, conseil de classe);

2) large diffusion des programmes de prévention et sensibilisation des enseignant-e-s;

3) développer la médiation par les pairs ainsi que les ponts entre les générations. Cette ouverture et ce soutien doivent s'accompagner de fermeté à l'encontre des auteurs de comportements violents.

Favoriser des structures d'assistanat social école/famille
Développer des classes d'accueil favorisant l'intégration sociale des élèves étrangers/réseaux/ médiateurs/relation avec la police/debriefing.
L'école fournit naturellement un cadre qui implique certaines règles de comportement et de fonctionnement. Les fauteurs de trouble doivent être confrontés très vite aux conséquences de leurs actes. Il faut par ailleurs redonner aux enseignants les moyens d'incarner une forme d'autorité. Les parents doivent aussi être sensibilisés et orientés vers des structures qui pourraient le cas échéant les soutenir dans leur rôle éducatif.
   
  Ph. Biéler A.-C. Lyon P. Chiffelle J. Maurer
P. Broulis
J.-C. Mermoud  
14. Quelles sont les conditions-cadre à développer afin que tous les élèves puissent atteindre les objectifs minimaux d’instruction établis par l’institution ?
Un enseignement adapté aux besoins des élèves et prenant en compte leurs difficultés et leurs conditions de vie (éventuel absence de soutien familial par exemple).
Tout d'abord, il convient de définir ce qui est entendu par objectifs minimaux (lire, écrire, compter ?). Cela fait, un des moyens pour les atteindre est de réduire les effectifs par classe; un autre est mettre en place des structures de pédagogie compensatoire.
La question est trop vaste au vu des délais.
Effectifs EVM / différenciation / livres et brochures adaptés / éviter un nivellement par le bas / favoriser les passerelles pour les élèves s'éveillant plus tardivement
Il faut mettre fin à la révision à la baisse de tous les programmes, adopter des méthodes qui ont fait leurs preuves et redonner aux maîtres un rôle d'"enseignants" plutôt que de "gestionnaires du savoir".
   
  Ph. Biéler A.-C. Lyon P. Chiffelle J. Maurer
P. Broulis
J.-C. Mermoud  
15. Quelles actions le DFJ doit-il conduire afin de faciliter la transition école-métier et de créer les conditions optimales d’une formation professionnelle attractive et réussie ?
Développer les connaissances des élèves sur le monde professionnel. Anticiper les besoins propres à l’apprentissage ou à l’école professionnel sans négliger les autres missions de l’école.
Voici trop brièvement quelques éléments : obligation d'avoir une semaine de stage commune en 8e et 9e pour les classes de VSO et de VSG; rendre attentifs les élèves au fait que lors de la semaine de stage ils doivent participer aux cours professionnels pour qu'ils prennent conscience que l'apprentissages comporte aussi une partie théorique; renforcer le nombre de conseiller en orientation.
La question est trop vaste au vu des délais.
Dialogue accru et constant entre l'Ecole publique, la formation professionnelle, les associations professionnelles et les entreprises privées. Le 70 % des entreprise non-formatrices doivent être sensibilisée au devoir "citoyen" de former des apprenti(e)s. Sensibiliser régulièrement les enseignants aux problématiques du monde du travail et à leur évolution.
Outre les conditions-cadres mentionnées plus haut, il faut que l'école s'intéresse davantage au monde dans lequel entreront les élèves qu'elle accueille.
   

Pour tout contact : spvaud@bluewin.ch

Site web : http://www.spv-vd.ch/